c. Les implications du chanteur engagé
Un chanteur engagé, par définition, défend ou dénonce une cause. Certains chanteurs font part de leurs expériences personnelles dans leurs chansons pour soutenir ces causes. Comme par exemple le chanteur Renaud, lors d’une interview pour le journal « La Provence » en 2008, l’une des questions qui lui est posée évoque l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Dans une de ses chansons « Arrêter la clope » il montre à quel point cela est difficile d’arrêter la cigarette, car, lui-même affirme qu’il est « toxico ». Car il soutient dans l’interview que cette loi est plutôt positive, car il dit « […] soit je ne fume plus (comme prévu) et dans un bar non-fumeur je ne serais pas tenté par la vision des fumeurs allumant leurs clopes. Soit je fume encore et ça me permet de fumer moins ». Cette chanson, qui est très facile d’accès, par l'utilisation d'un langage familier. De plus, il y a répétition du verbe « arrêter » qui peut montrer à la fois une détermination dans les expressions « j’veux pas mourir » , ou encore « a chacun sa motivation / moi c’est que par jalousie / que j’veux me libérer de ce poison » mais aussi quelque chose de répétitif où l’artiste ne cesse de recommencer et d’arrêter, car ce terme est souvent confronter à un échec comme « c’est pas si fastoche d’arrêter », ou encore « chaque fois que j’arrête, c’est pas sérieux ».
Il critique aussi fortement les vendeurs de cigarettes en affirmant vulgairement « et j’vous dis pas la thune non plus / qu’j’ai laissé à ces enfoirés ». C’est donc par son expérience personnelle que le chanteur partage ce fardeau avec les auditeurs pour dénoncer la consommation de cigarettes, car aujourd’hui encore, il fume toujours.
Un autre exemple avec Michel Sardou et sa chanson « Je suis pour », texte dans lequel le chanteur relate avec des mots assez violents, l’histoire d’un père dont on a tué l’enfant et évoque le thème de la peine de mort. C’est par un fait qui lui tient à cœur que le chanteur a donc écrit cette chanson. Il se met donc à la place de ce père qui a perdu son enfant. Il y a beaucoup de termes violent, la présence du champ lexical de la colère avec les expressions telles qu’« Aucun Dieu ne m’apaisera » ou encore « J’aurai ta peau. Tu périras », qu’il répète à plusieurs reprises, puis il affirme dans un langage très direct qu’il est pour la peine de mort avec « J’aurai ta tête en haut d’un mât », « je veux ta mort » puis le titre « je suis pour » est répété dans la chanson plusieurs fois. De plus cette chanson est tombée dans un contexte difficile (lors du procès de Patrick Henry accusé d’avoir assassiné un enfant), les polémiques s’enchaînent, des manifestations ont lieu et sa tournée était régulièrement perturbée. Pourtant la ferveur du public est toujours présente, comme si la France était divisée en deux, les « pros Sardou » et les « antis Sardou ».
D’autres chanteurs, évoquent dans leurs chansons engagées, des sujets plus généraux qui sont reliés à l’actualité. Comme par exemple l’artiste Yannick Noah qui évoque les problèmes environnementaux avec sa chanson percutante « Aux arbres citoyens », que nous pouvons considérer comme un véritable hymne à l’écologie. Dans cette chanson il y a donc le jeu de mot que l’on constate dès la lecture du titre qui joue sur le mot « arbre » avec les paroles « Aux armes citoyens », on peut donc s’attendre à un réel appel à la population. Et cela se constate dans sa prise de position et dans son argumentation où il montre que c’est un fardeau pour tout le monde « ce poids sur nos épaules » et qu’il n’est plus le moment de savoir qui est responsable « plus de temps à savoir à qui est la faute » mais qu’il faut donc agir car il y a le verbe « faire » conjugué à l’impératif plusieurs fois qui montre donc l’aspect de faire changer cette situation dans l’immédiat, il le renforce en affirmant « Maintenant on se bat / Avec toi moi j’y crois » donc ici, il y a aussi une véritable part d’espoir.
Ou encore dans un autre contexte qui est ici politique, En 2002, Saez sors au lendemain du premier tour des élections présidentielles la chanson « Fils de France » qui est très marquante dans son contexte. En effet, dès le deuxième vers de sa chanson il annonce « 20% pour l’horreur, 20% pour la peur » ; cette chanson dénonce le parti d’extrême droite qui est le front national dont Jean-Marie Le Pen en est le représentant, Le Pen qui a des idées dîtes réactionnaires, xénophobes, incitant à la haine raciale, obtient 20% des suffrages et passe de fait au second tour. Tous les électeurs, ceux qui ont voté à droite, à gauche et à l’extrême droite sont pourtant tous « fils de France », tous citoyens français. Tous sont des enfants de la République française, de sa déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, tous sont passés par l’école de la République, etc. Quelle « amnésie suicidaire » a-t-elle laissée 20% du peuple français s’exprimer pour un candidat qui ne souhaite que la disparition de la République ? Saez, dans son refrain, réaffirme l’héritage profond de la Nation française, de la République : « Nation des Droits de l’Homme », « Nation de la Tolérance », « Nation des Lumières », « Nation de la différence ». Voici ce qui justifie au lendemain du 21 avril la « Résistance » aux forces contre-révolutionnaires.