a. L’intérêt du recours à la chanson
Il est des chansons dont le caractère politique apparaît dès la lecture des paroles car l’objectif de l’auteur est clairement de susciter des réactions patriotiques, voire appelé à la vengeance comme par exemple : la Marseillaise « (…) aux armes citoyens/formez vos bataillons/ (…) qu’un sang impur abreuve nos sillons (...) ». Ou encore Le Chant Des Partisans quand a lui a été composé en 1943 dans une situation politique très précise, à savoir la résistance à l’occupation nazie en France. Les auteurs, Maurice Druon et Joseph Kessel, écrivirent les paroles sur une mélodie d’origine russe d’Anna Marly. Il fallait tout d’abord frapper les esprits sur le martyre du pays: « (…) Amis entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines/Amis entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne (…), pour ensuite susciter la révolte et l’action violente: « (…) Montez de la mine, descendez des collines camarades (…)/Ohé les tueurs à vos armes et vos couteaux, tuez vite (…). A Londres, où se retrouvent de nombreux responsables de la Résistance, tels que Fernand GRENIER, Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE, on cherche un indicatif musical pour l’émission « Honneur et Patrie», diffusée par la BBC... Mais ces résistants ont un autre vœu, plus, un impératif : créer un chant de la Résistance. « On ne gagne la guerre qu’avec des chansons...il faut un chant qui ait l’air de venir des maquis », dit Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE.
Dans toutes les sociétés, le pouvoir en place impose des limites à la contestation politique. Dans les régimes de pouvoir absolu, l’opposition ouverte est muselée alors que la chanson, réputée comme divertissement populaire, laisse une fenêtre ouverte à la critique.
Dans les régimes libéraux comme le nôtre, la 5ème République, il n’est pas bon de s’en prendre directement à un agent de police en fonction, car cela pourrait vous conduire directement en prison, alors que des chanteurs de rap insultent et critiquent les forces de l’ordre sans s’attirer les foudres de la justice comme NTM, dans une de ses chansons « Police » : « (…) Police machine matrice d'écervelés mandatés par la justice / Sur laquelle je pisse (…) ». En 1993, la Police nationale ouvre une enquête après la parution de ce titre ('Comment peut-on prétendre défendre l'Etat quand on est soi-même en état d'ébriété avancée, souvent mentalement retardé ?'). L'affaire restera sans suite.
Ou encore, l’un des intérêts de la chanson engagée est de parler indirectement d’un sujet où l’artiste affirme ses opinions.
La chanteuse Zazie sort en 2001 son quatrième album « La Zizanie » qui contient une chanson qui parle de l’homosexualité intitulée « Adam et Yves ».
Dans ces paroles, Zazie prend l’exemple d’un texte biblique qui est donc « Adam et Eve », seulement ici, le couple homosexuel Adam et Yves et le couple hétérosexuel Adam et Eve, sont mis sur le même point, car tous les quatre ont commis le « péché originel ». Dans ses paroles, l’artiste pose quelques questions rhétoriques telles que « quel amour est idéal ? » ou encore « qui est normal ? ». De plus on constate que Zazie prend parti, car il y a à plusieurs reprises le pronom personnel « mon » (« mon amitié particulière »). Son argumentation va encore plus loin, lorsqu’elle évoque deux grands auteurs français peut être utilisé pour passer subtilement et de façon originale l’avis personnel de l’artiste.
Une autre chanson traitant du même sujet et de la transsexualité mais de façon différente, il s’agit d’une chanson des années 1970 de Charles Aznavour, « Comme ils disent ». Dans cette chanson, Aznavour se met à la place d’un homosexuel, car il parle à la première personne du singulier. C’est une autre forme de recours à la sensibilisation. L’artiste se met à la place d’un personnage pour raconter son histoire. Cette chanson est descriptive : dans la première strophe, l’homme expose sa vie : où est-ce qu’il habite, avec qui, où est-ce qu’il travaille… Mais à chaque fin de strophe, les deux derniers vers sont les mêmes : « je suis un homme, oh !/ Comme ils disent », cela renforce la discrimination que l’homme subit, car il y la présence d’un jeu de sonorités avec le mot « homme » et l’interjection « oh » avec ce qu’il est vraiment, c’est-à-dire un « homo ».
Ou encore, un autre point de vue de l’homosexualité chez Saya, avec la chanson « Une femme avec une femme » une reprise du même texte de Mecano, sortie en 2003. Ici la jeune femme expose le cas d’un couple de lesbiennes qui cachent leur relation amoureuse, la chanteuse parle à la première personne du singulier lorsqu’elle évoque son avis en disant « je ne veux pas juger », la chanteuse utilise le recours de l’impartialité pour montrer aux auditeurs qu’il suffit d’être respectueux et tolérants face à l’homosexualité.